Proche toxique, collègue pervers narcissique… autant de personnalités qui alimentent régulièrement les conversations. Voici quelques pistes pour se protéger de ces manipulateurs aux profils extrêmement variés.

Manipulateurs

Détecter les signaux d’alarme

Vous avez des doutes par rapport à une personne que vous côtoyez ? Alors notez tout d’abord qu’il n’est pas forcément évident d’identifier un manipulateur. D’un regard extérieur, il (ou elle) peut paraître sympathique, tout du moins aux yeux de certains… commencez donc par bien sortir vos antennes.
> Première étape nécessaire : prêter attention à… soi-même. Observez vos propres sensations corporelles et émotions. Etes-vous traversé par une peur, colère, honte ou tristesse particulière(s), que vous ne vous expliquez pas tout à fait ? Prenez le temps d’en rechercher les véritables causes à l’intérieur de vous. Si ces ressentis viennent de profondes incohérences entre ce qu’une personne vous dit et ce qu’elle fait, si elle communique avec vous de façon ambigüe, pas claire, si malgré des apparences sympathiques elle vous fait douter de ce que vous avez dit ou fait et que vous vous sentez mal… alors il se peut que vous soyez face à un manipulateur. J’écris volontairement “il se peut” car il est important, de ne pas tirer de conclusions trop hâtives, ni de rejeter systématiquement tous les torts sur autrui.
> Ensuite, pour évaluer si vous avez véritablement affaire à un manipulateur, fiez-vous par exemple à la liste des caractéristiques établie par Isabelle Nazare-Aga, recopiée ci-dessous. Selon cette spécialiste, si au moins 14 critères correspondent à la personne (homme ou femme) à laquelle vous pensez, alors il s’agit d’un manipulateur. Sachant que la plupart d’entre eux en remplissent au moins 20.

Les 30 caractéristiques du manipulateur selon Isabelle Nazare-Aga :
1. Il culpabilise les autres au nom du lien familial, de l’amitié, de l’amour, de la conscience professionnelle.
2. Il reporte sa responsabilité sur les autres, ou se démet des siennes.
3. Il ne communique pas clairement ses demandes, ses besoins, ses sentiments et opinions.
4. Il répond très souvent de façon floue.
5. Il change ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes ou les situations.
6. Il invoque des raisons logiques pour déguiser ses demandes.
7. Il fait croire aux autres qu’ils doivent être parfaits, qu’ils ne doivent jamais changer d’avis, qu’ils doivent tout savoir et répondre immédiatement aux demandes et questions.
8. Il met en doute les qualités, la compétence, la personnalité des autres : il critique sans en avoir l’air, dévalorise et juge.
9. Il fait faire ses messages par autrui.
10. Il sème la zizanie et crée la suspicion, divise pour mieux régner.
11. Il sait se placer en victime pour qu’on le plaigne.
12. Il ignore les demandes même s’il dit s’en occuper.
13. Il utilise les principes moraux des autres pour assouvir ses besoins.
14. Il menace de façon déguisée, ou pratique un chantage ouvert.
15. Il change carrément de sujet au cours d’une conversation.
16. Il évite ou s’échappe de l’entretien, de la réunion.
17. Il mise sur l’ignorance des autres et fait croire en sa supériorité.
18. Il ment.
19. Il prêche le faux pour savoir le vrai.
20. Il est égocentrique.
21. Il peut être jaloux.
22. Il ne supporte pas la critique et nie les évidences.
23. Il ne tient pas compte des droits, des besoins et des désirs des autres.
24. Il utilise souvent le dernier moment pour ordonner ou faire agir autrui.
25. Son discours paraît logique ou cohérent alors que ses attitudes répondent au schéma opposé.
26. Il flatte pour vous plaire, fait des cadeaux, se met soudain aux petits soins pour vous.
27. Il produit un sentiment de malaise ou de non-liberté.
28. Il est parfaitement efficace pour atteindre ses propres buts mais aux dépens d’autrui.
29. Il nous fait faire des choses que nous n’aurions probablement pas fait de notre propre gré.
30. Il fait constamment l’objet des conversations, même quand il n’est pas là.

Se protéger

Si vous avez effectivement repéré un manipulateur (ou une manipulatrice) dans votre entourage, pensez alors à évaluer ce que j’appellerais le niveau de “dangerosité” de cette personne vis-à-vis de vous. En cas de violence physique ou psychique, d’effets totalement destructeurs sur vous-même, alors il est essentiel de fuir. En revanche, si vous estimez que la situation demeure d’une certaine manière “gérable”, qu’une marge de manœuvre est envisageable, alors vous pouvez dans la mesure du possible travailler sur la situation. Voici quelques exemples de stratégies à adopter dans cette optique :
> Gardez vos distances vis-à-vis du manipulateur, autant que possible selon le contexte dans lequel vous vous trouvez. Évitez un maximum les contacts avec lui. Lorsque vous devez vraiment communiquer avec cette personne, faites en sorte de vous en tenir au strict minimum, et ne prêtez aucune valeur à ce qu’elle vous dit, qu’il s’agisse de critiques ou de compliments. Reportez-vous également aux conseils mentionnés dans la partie “Interagir différemment” de cet article.
> Trouvez des alliés. Amis, collègues, membres de votre famille… identifiez autour de vous des personnes à qui vous pouvez vous confier en toute sécurité et dans un cadre bienveillant. Si ces personnes sont également atteintes par le manipulateur en question, vous pourrez en outre vous serrer les coudes et éventuellement chercher des aides extérieures. Si besoin, pensez également à consulter un thérapeute (psy, médecin, sophrologue, hypnothérapeute…) pour un soutien plus appuyé.
> Déculpabilisez-vous. Souvent, les manipulateurs veulent faire croire aux autres que les choses sont de leur faute. Alors soyez bienveillant envers vous-même, un peu plus indulgent, et apprenez à prendre réellement conscience de qui est responsable de quoi… notamment, qui est responsable de culpabilisation à l’excès !

Relations toxiques

Interagir différemment

Saviez-vous que certaines techniques peuvent également vous aider à modifier les rapports que vous entretenez avec votre entourage (dont les manipulateurs) ? Testez par exemple les approches ci-dessous :
> Dites plutôt « Je » que « Tu » dans le cœur des messages que vous adressez au manipulateur. Gardez ainsi votre communication centrée sur vous-même (vos ressentis, vos souhaits…) plutôt que d’impliquer, voire d’accuser la personne, afin d’éviter qu’elle ne puisse retourner vos propos contre vous. Concrètement, au lieu de lui dire par exemple “Tu me mets trop la pression”, optez plutôt pour une formulation telle que “Je me sens très stressé”. Pour aller plus loin, vous pouvez même utiliser la structure de base des échanges proposée par la Communication Non Violente, autrement dit :
1. Observation de faits objectifs (exemple : “Quand je t’entends jouer de la batterie le soir…”)
2. Sentiment : (exemple : “… je me sens stressé…”)
3. Besoin : (exemple : “… parce que j’ai besoin de calme…”)
4. Demande : “… alors serais-tu d’accord pour en jouer seulement le matin ?”)
Les manipulateurs s’appuyant d’autre part sur certaines zones de flou de la communication, pensez bien à vous exprimer le plus clairement possible face à eux, en ne laissant aucune place à l’interprétation ni de votre côté, ni du leur.
> Sortez du “triangle”. Connaissez-vous le triangle de Karpman, également appelé triangle dramatique ? Il s’agit d’un schéma mettant en évidence un jeu de manipulation entre 2 personnes pouvant tenir 3 rôles différents : ceux de “victime”, “bourreau” et “sauveur”. Il montre par exemple qu’une personne agissant en tant que bourreau peut en entraîner une autre à jouer un des deux autres rôles. Pour sortir de ce modèle, il est essentiel de prendre conscience de l’existence de ce schéma et du/des rôle(s) potentiel(s) que vous y jouez peut-être dans certaines situations de votre vie. C’est en le repérant que vous pourrez prendre du recul, puis sortir d’une éventuelle position de victime et du “triangle”. Et ainsi agir sur ce qui dépend de vous dans la situation dans laquelle vous vous trouvez. En somme, mieux vaut se comporter en personne responsable plutôt qu’en victime, et donc reprendre le pouvoir sur sa vie.
> Apprenez à poser vos limites. Parfois, il suffit simplement de dire “non” à quelque chose que l’on ne veut pas, ou de poser ses conditions, son cadre, pour se sentir soulagé. Ce qui n’est pas forcément aisé dans tous les cas, certes… et si, pour votre bien, vous osiez justement franchir le pas, au moins dans les contextes où cela vous semble réalisable là maintenant ? Pensez à tous les bénéfices que vous pourriez tirer en exprimant un peu plus vos besoins et vos souhaits ! 🙂
> Travaillez l’estime de soi. Devenez votre propre meilleur ami. Ainsi, en vous apportant de l’amour à vous-même, en vous respectant, en prenant un peu plus conscience de votre valeur, vous effectuerez autant de pas supplémentaires vers la contre-manipulation. Cette estime que vous vous accorderez sera en effet visible de l’extérieur, y compris du manipulateur, qui sentira qu’à un certain niveau il n’a plus tout à fait la même emprise sur vous. Pour dégager encore plus de confiance, pensez également à adopter de temps en temps des “postures de pouvoir”.

Aller plus loin

De très nombreux ouvrages, articles et sites web sont consacrés aux manipulateurs, par exemple : J’arrête les relations toxiques, Echapper aux manipulateurs… Je vous invite d’ailleurs à en consulter quelques-uns afin de mieux appréhender ce sujet vaste et complexe. Prenez en tout cas bien soin de vous pour la suite.

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